Transmis via Solidarités-Jeunesses, un message qui me tient à cœur :
Par quelque biais qu’on pose la question, la conclusion s’impose: l’éducation populaire ne peut échapper à sa vocation profonde: la subversion. le mot peut faire peur.
On le voit la loi Sapin annonce l’arrivée du privé dans le loisir et la culture: si un maire est obligé (ou a le droit) de soumettre l’attribution d’un équipement d’éducation populaire à un appel d’offre, ou un marché concernant le loisir, ou les vacances, ou le théâtre… comme pour n’importe quel marché public, on ne voit pas ce qui empêcher le privé de se mettre sur les rangs et de dire: je fais mieux et moins cher! La seule réponse à ce défi est dans ce qui fait depuis toujours la légitimité de l’éducation populaire et de l’associatif: la faculté à subvertir. Cela, le secteur marchand ne le fera jamais. (…)
Mais qu’entendons par “subversion”? Seraient-ce les restes du Grand Soir? Non, bien sûr. Cela peut aussi s’appeler citoyenneté, ou politisation ou tout simplement…idéal. Après des décennies où le terrain de la politisation fut occupé par des groupes extrémistes, il peut être utile de rappeler qu’on peut être politisé sans vouloir pendre tous les bourgeois.
L’auteur rappelle alors la déclaration de Villeurbane, rédigée en 1968 par les patrons du théâtre public d’alors avec cette définition de la “subversion” :
“Tout effort d’ordre culturel ne pourra plus que nous apparaître vain aussi longtemps qu’il ne se proposera pas expressément d’être une entreprise de politisation: c’est-à-dire d’inventer sans relâche, à l’intention du non-public, des occasions de se politiser, de se choisir librement, par delà le sentiment d’impuissance et d’absurdité que ne cesse de susciter en lui un système social où les hommes ne sont pratiquement jamais en mesure d’inventer leur propre humanité.” (…)
Tant il est vrai qu’à la fin, la seule question est bien d’humaniser la société.
Jacques Bertin, in Politis, Le retour de l’utopie, hors série, février-mars 2000